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NOUS CITOYENS DE LA TERRE

 

À 17 ans, mon père me suggéra de m’inscrire à un programme de l’armée canadienne pour les étudiants du secondaire. Il concevait l’armée comme une façon de faire de moi un homme discipliné. Alors je suivis une série d’examens pour déterminer mes aptitudes à devenir un militaire. Je réussis les deux premières séries de tests. Les derniers consistaient en des examens psychologiques que je faillis : je n’étais pas apte à me soumettre à une discipline militaire  soit, obéir sans poser de questions. Ce fut ma première grande déception. Car devenu officier,  j’aurais démontré mon courage, et fait preuve d’héroïsme et de combativité en vue d’assurer la sécurité de mon pays.  

La poursuite de mes études m’amena à élargir mes horizons et à découvrir un sens différent à donner à ma vie. À 21 ans, en 1960, dans notre journal des finissants, je signai un article “Nous, citoyens de la terre”.  Ce fut pour manifester mon intérêt pour tout ce qui affecte la vie des hommes et des femmes qui vivent partout sur cette terre. “La mesure de notre curiosité à l’égard de tous les problèmes mondiaux, va marquer notre maturité. Nous devons nous engager ouvertement et nous compromettre devant ces problèmes. Notre manque de compréhension entraînera des conflits importants. Si nous ne sacrifions pas notre temps aujourd’hui à nous instruire dans ce sens, un jour, et très prochain, à cause de nos préjugés et à cause de nos occupations personnelles nous serons nous aussi dépassés par ces problèmes, qui ne nous touchent pas aujourd’hui mais que nous affronterons tôt ou tard”. Et encore, j’écrivis ce qui pouvait correspondre à ma vision: “Bientôt la vie va nous ouvrir les portes. Mais, ce qui va rester après avoir tout oublié (toutes choses apprises durant huit années d’études classiques), c’est le sens profond des hommes qui ont besoin de nous. Ils ne nous tendent pas la main, parce qu’ils ne pensent pas exactement comme nous ou qu’ils ne sont pas de notre couleur, mais ce sont des citoyens de la terre comme nous et si nous réussissons à les comprendre, le monde nous appartiendra. C’est un idéal d’homme!”. 

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 Je cherchai alors à mettre les plus déshérités au coeur de mon action et pour ce faire, je décidai d’aller avec les Pères Blancs afin de travailler en Zambie où j’œuvrai durant une quinzaine d’années en éducation et auprès du monde rural. Dans les années 1980, je trouvai un emploi à l’ACDI ce qui m’amena à travailler en Tanzanie et au Bénin. Je suis convaincu qu’en aidant les populations pauvres à améliorer leur situation sociale et économique, j’ai contribué à diminuer des conflits et à amener la paix. 

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Avant de prendre ma retraite, je décidai d’écrire l’histoire de ma vie en mettant en évidence ce qui avaient été des moments forts de ma vie. Je voulais une retraite bien remplie. Je trouvais que j’avais été confronté à des conflits que j’avais résolus sans avoir toutes les connaissances nécessaires. Je décidai donc que durant mes dernières années je travaillerais pour la paix. J’entrepris une maîtrise en Études de conflits à l’Université Saint Paul et je me joignis à l’Institut canadien pour la résolution des conflits dont je fus président du comité d’administration  durant 3 ans. Enfin, je devins un des premiers professionnels de la paix avec le Service civil de la paix Canada. Durant les quatre dernières années, je continue à produire à tous les mois une courte lettre sur la justice sociale pour les fidèles de ma paroisse. 

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Je ne fus peut-être pas impliqué avec la résolution de grands conflits. Cependant, selon mes capacités, je choisis de m’impliquer de différentes façons avec de petits organismes. Et suivant les principes de ma foi, je réserve du temps de prière pour des conflits qui me tiennent davantage à cœur. 

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Yves Morneau, Professionnel de la paix, CPSC, www.civilianpeaceservice.ca

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