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Toutes les Cossettes du monde

 

Un soir, à Montréal, je retrouvais mon auto dans la petite rue De Bullion, après être allé au Théâtre. Comme je m’apprêtais à monter à bord, tout près de moi, à une fenêtre, une jeune femme est soudainement apparue.

Comme s’il s’était agi de Cosette, l’héroïne des « Misérables » de Victor Hugo. Dans son maigre visage, tous les signes de la pauvreté pouvaient s’y lire. Je ne l’ai jamais oubliée. Pourquoi était-elle pauvre quand beaucoup de ceux et celles que j’avais côtoyés ce soir-là étaient relativement à l‘aise? Du point de vue de la justice sociale que pouvons faire pour combattre les inégalités et sortir toutes ces jeunes femmes de la pauvreté condition essentielle pour la paix?

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Partout à travers le monde, les mesures d’austérité affectent davantage les femmes. Elles gagnent moins en salaire, dépendent davantage des bénéfices sociaux et se retrouvent souvent mères célibataires. Leur chance de vivre dans la pauvreté suite aux coupures budgétaires en sont multipliées.

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Une solution pour réduire la pauvreté des femmes serait, comme l’a fait cette fois-ci notre gouvernement, d’élaborer des budgets qui tiennent compte de la situation particulière des femmes. Pour ce faire, les politiques de dépenses devraient être planifiées, élaborées et évaluées de façon à connaître quels seront les impacts pour les hommes et pour les femmes, grâce à une analyse différenciée selon les sexes. Ceci permettrait d’éviter des politiques qui créent de graves inégalités et de déterminer des opportunités d’appliquer des fonds pour aider des femmes. Ces mesures pourraient avoir un plus haut taux de retour sur investissement. Tous en  bénéficieraient.

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Par mon action à l’ACDI, J’ai fait en sorte qu’en investissant en eau, en électricité, on a pu réduire le travail domestique afin de permettre aux filles d’aller à l’école et de terminer leurs études et aux femmes de gagner de l’argent dans des activités lucratives. En Afrique, le travail agricole est en grande partie dévolu aux femmes. On a investi dans leur travail en leur procurant de meilleures technologies, meilleurs accès aux marchés ce qui a augmenté la production agricole et réduit la rareté des aliments, un bénéfice pour tous.

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Ici-même au Canada, dans certains domaines, à travail égal, les femmes gagnent moins que les hommes. En gagnant moins, elles peuvent moins bien nourrir leur famille et risquent d’être en moins bonne santé. Tout ceci a un coût économique pour notre société. C’est très inefficace. Pourquoi le travail des femmes n’est-il pas autant valorisé que celui des hommes? La femme a pourtant une plus lourde charge au sein du foyer d’où l’importance de lui donner tous les moyens financiers pour bien remplir ses tâches et se sortir de la pauvreté.

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Combien de petites Cosettes de la rue De Bullion y a-t-il au milieu de nous ? Elles aussi ont le droit d’aspirer à une vie meilleure. Je voudrais suggérer qu’il est de notre devoir de nous assurer que les jeunes filles et les femmes autour de nous acquièrent une pleine confiance en elles-mêmes. Faisons en sorte qu’elles ne soient pas dans la pauvreté et l’ignorance et qu’elles puissent assurer, par leurs propres efforts, leurs droits à travers une solide éducation.

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Voilà une façon d’œuvrer pour la paix.

 

Par: Yves Morneau, Professionnel de la paix, CPSC, (www.civilianpeaceservice.ca).

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